Lundi (11/06/12)
Cercle vicieux
Le 14 Octobre 2009, déjà...
Y a son regard pendant l'amour, qui me perce le coeur de bonheur à chaque fois, et ses ongles dans mon dos. Je me sens rempart, tronc auquel elle s'agrippe. Et ses bras qui m'enserrent, son souffle encore court juste après, son sourire endormi. Je donnerai mes nuits entières, mes jours et toute ma vie, s'il le fallait, pour avoir droit à ses moments où enfin, elle s'abandonne.
Quand les barrières tombent en même temps que les vêtements et qu'il n'y a plus qu'elle et moi, seuls au monde. Et la chambre qui se transforme en château fort où plus rien ne peut nous toucher, nous atteindre.
On a trop souvent oublié d'être ensemble. Au point d'en avoir peur, d'appréhender ces moments, de ne plus savoir quoi se dire. On se saoûlait de soirées à l'extérieurs, d'invitations à dîner, de "on va là", "on fait ça", "on passe voir truc". On voyait truc, et machin, et chose, et bidule, et on ne se regardait même plus.
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J'ai cette impression parfois diffuse que les mois et les années ont beau passer, il ne s'agit que de temps inconsistant. Le coeur de la vie, lui reste trop souvent le même. La même relation avec ses mêmes hauts et ses mêmes bas, le même amour inconditionnel que l'on espère parfois mieux partagé, les mêmes moments de bonheur incommensurable qui précèdent les mêmes heures de doutes et d'oubli de soi, de nous. Faire tomber les remparts des vêtements pour se retrouver, encore, faire couler les bouteilles de vin pour oublier la retenue et oser, oser encore se toucher comme au premier jour malgré tout le reste.
C'est la constance de ma vie et de mon être que je voudrais voir évoluer au rythme de l'inconstances des jours.
Samedi (09/06/12)
Time of my life.
08.06.2012
Quelqu'un a détraqué les aiguilles de ma montre. Le temps se joue de moi, de la vitesse de la lumière à celle d'un escargot. Où sont passées ces dernières années, où sont passés ces moments de folie qu'on est censés vivre?
La dernière fois que j'ai fait un truc fou? Courir sous les jets d'eau dans le champ en face de chez nous. Ca date de quoi, 6 ou 7 mois. Et avant ça? La bataille d'eau au Mappa, il y a 5 ou 6 ans?
Y a comme un "couac", un bruit sourd qui vient résonner dans ma tête quand je compare celle que je crois que je suis et la réalité de ma vie. Comme un vide que je ne sais comment combler. Comme une incertitude, un manque, un point d'interrogation et tout un tas de pointillés
La vie file bien trop vite et je regarde défiler les voitures.
Mercredi (06/06/12)
Concours de circonstances
Mardi 29 Mai
Mes pensées flottent. E. Je crois que c'est surtout un concours de circonstances. Un truc sans intérêt qui n'aura ni début ni suite. Juste une illusion à laquelle se raccrocher lorsque les miennes s'envolent. Se dire que la vie n'est pas une pièce à laquelle il n'y a qu'une seule porte, mais plutôt un couloir juché d'ouvertures et de possibilités. Que si mon monde s'écroule, un autre serait possible. Elle n'est que la matérialisation de mon besoin de certitudes quand B. peine à m'en donner. Elles ont les mêmes yeux tellement bleux, le même sourire lumineux, et tellement de différences que j'ai l'impression d'y chercher les bons côté de B. et d'y oublier ses défauts, d'y oublier ma douleur. Un concours de circonstances qui s'arrêtera comme il est apparu, le jour où mes certitudes d'avenir reviendront me remplir le coeur de ce dont j'ai besoin.
Parfois je me demande si je ne la punis pas, si je n'ai pas besoin de mettre E. dans ma tête pour lui rendre la monnaie de sa pièce, réussir à passer outre ses pensées pour S. Rien de plus. Parce qu'entre tout, reste la certitude que mon avenir et mon coeur sont à B.
Lundi (04/06/12)
Les voyages en train
Vendredi 25.05.2012
J'ai envie de prendre le train. Le premier, peu importe où il s'arrête. J'ai toujours aimé les trains, le ronron des roues sur les rails, les paysages qui défilent, les passagers qu'on y croisent. Au fond, je crois que je reste persuadée que les plus belles rencontres peuvent se faire dans un train. Tant de personnalités différentes, tant de lignes de vies qui se croisent à un moment précis, dans l'espace exigu d'une voiture-bar. Je me souviens que je passais des heures à les regarder, à écrire sur eux. Etaient-ils tristes ou heureux? Et où se rendaient-ils, dans ce train bondé, allaient-ils retrouver de la famille perdue de vue depuis longtemps, ou des piles de dossiers et une chambre d'hôtel impersonnelle? Etaient-il amoureux? J'imaginais des suites possibles à leur histoire, je reliais entre eux plusieurs passagers. Tiens, cette dame, assise à la place 53, et le monsieur de la place 78 iraient bien ensemble. Il suffirait qu'elle passe, le frôle, fasse peut-être tomber son magazine sur lui, pour que la conversation s'enclenche. Et cette vieille dame, tout au fond, qui regarde le tatoué du siège 23 d'un drôle d'air depuis tout à l'heure, ce serait drôle si ils se croisaient devant les toilettes, se parlent pour meubler le silence, se trouvent des points communs. Un tatoué qui joue au bridge, ça court les rues, non? Et une mamie fan de hard rock? Aujourd'hui, je ne prends plus le train qu'une dizaine de fois par an, presque toujours pour le boulot, presque toujours très tôt, presque toujours stressée ou crevée, je dors ou je bosse. Je pourrais monter dedans, n'aller nulle-part, un bloc-note, un appareil photo peut-être, et que vogue la galère. Re-saisir l'instant présent.
Lundi (28/05/12)
Jeu d'ombres
Jeudi 24 Mai 2012 - 17h30
Parce que c'est le printemps. Parce que les oiseaux chantent. Parce que le soleil brille.
Y a l'envie de sourire au fond du coeur. Un peu de brume aussi au coin des yeux. Parce que depuis le printemps, j'ai le coeur qui rate quelques battements, parfois.
Ces rues le long desquelles je déambule sans toi, ces projets que j'essaie de faire pour moi. Ou ça nous mène, tout ça?
Samedi, on doit discuter de "plus tard". Mettre les choses à plat, comme on dit. Comme si on les posait sur le sol avant de sauter dessus. Elles sont bizarres, ces expressions. On doit en parler et je ne sais pas. Comment je vois ma vie, et ce que j'en espère.
Je sais juste qu'en plein soleil, y a toujours mon ombre. Et qu'elle est seule sur les façades quand je marche dans les rues. Ton ombre lui manque. Elles allaient bien ensemble.
Peut-on aimer quelqu'un de toute son âme pendant 4 ans, et se relever quand elle nous brise le coeur. Peut-on se relever, et continuer main dans la main?
Je sais que je veux que les choses changent. Que je veux ton ombre près de la mienne, et voir si elles s'imbriquent encore. Quitte à se tromper et à souffrir. Essayer. De voir si ça en vaut la peine. Je sais juste pas encore si je veux aller à droite ou à gauche.
Jeudi (24/05/12)
Du fil et une aiguille, et en avant la vie.
J'ai des envies de nuits blanches, des envies de trop d'alcool, des envies de jeunesse retrouvée et d'insouciance momentanée qui viennent contrebalancer le manque de sommeil et l'incertitude de demain. Peu importe l'incertitude, si on cherche juste à éviter les projets. Quand elle paraît voulue, c'est moins dur à gérer.
J'ai bâti un mur autour de mes battements de coeur. Ca m'a pris quelques semaines. Comme on construirait une maison, pierre après pierre. A chaque coup de couteau fictif, j'arrêtais le saignement, puis je coulais une couche de ciment. J'ai appris le silence et les reculs, moi qui les avais oubliés depuis toi.
Je voudrais qu'on soit samedi, plus pour tes mots que pour le reste. Tes mots et tes mains. C'est ce qui me manque le plus. Et la certitude que c'est là qu'est le bon choix. Pour arrêter les rêves qui rendent le réveil difficile et enclenchent les pensées dès le lever du soleil.
Je ne me souviens plus de ma dernière vraie bonne nuit, depuis le clic-clac. Juste de tendre l'oreille au bruit de tes doigts sur le clavier derrière le mur.
Je refais connaissance avec moi-même, celle d'avant l'amour-fusion. Celle qui savait les rêves et les projets conjugués au "je". Je redécouvre l'idée de l'existence par soi-même, je la fais coexister avec mon idéal du couple. J'essaie de les imbriquer, de coudre bien comme il faut tous les morceaux de moi.
Les coutures seront visibles, ça risque de laisser des cicatrices, au début. Mais à force, avec le temps, ça se verra plus. Ne restera que moi, et ce juste milieu entre je et nous, entre aujourd'hui et demain.
Je cherche la bonne attitude comme on chercherait la clé du bonheur, à tâtons dans ma tête.
Mercredi (23/05/12)
Comme une vieille boîte à souvenirs
Il fut un temps où ce blog rythmait presque mes soirées. Passages quotidiens, mots laissés à la va-vite ou temps passé devant des centaines de pages.
Aujourd'hui, j'ai l'impression de redécouvrir une part de moi enfouie très loin, presque oubliée. Celle qui s'inventait parfois des histoires, enjolivait souvent la réalité de sa vie. Celle qui parlait sans pudeur de chacun de ses battements de coeur, surtout.
Le besoin d'effacer est venu rapidement après la relecture. Tant le fossé entre l'adolescente que j'étais et l'adulte que je suis devenue s'est creusé au fil des années. C'était il n'y a pas si longtemps, j'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée depuis. Mon coeur a battu plus fort que jamais, s'est brisé plus douloureusement que jamais, mes certitudes ont grandi, se sont effondrées, ont changé, mes joies ne sont plus les mêmes, ma vie entière semble avoir fait volte-face.
Et pourtant. L'envie de recommencer s'est avérée aussi forte que l'émotion de redécouvrir celle que j'étais, aussi forte que la certitude de n'être plus celle qui écrivait ces mots qui ont meublé les pages de ce même blog pendant des années.
Je n'ai plus aujourd'hui les mêmes attentes, non plus. Ces pages que j'appelais mon "chez moi", je les regarde aujourd'hui d'un oeil différent, comme un journal intime à capacité de réponse, la possibilité d'un partage autant que d'un exutoire. Mon chez-moi est ailleurs, reste les pages blanches à noircir, le bel espoir de rencontres ou de redécouvertes, et le besoin d'échange que j'avais laissé de côté avant de comprendre qu'il faisait autant partie de moi que celui de laisser glisser mes doigts sur un clavier.
Ces dernières semaines ont marqué un tournant important dans ma vie, une prise de conscience, une introspection presque constante qui m'ont mené, il y a quelques jours, à faire ma propre liste des "100 choses à faire avant de mourir". Effet de mode ou presque thérapie, je ne sais pas. Mais l'envie de réouvrir ces pages fermées depuis des années, de leur redonner de nouveaux mots a germé alors que j'écrivais. Que je n'aie pas oublié mon mot de passe reste un mystère, moi qui ait du mal à me souvenir de mon code de carte bleue certains jours.
Puis la page s'est ouverte comme on ouvrirait une vieille boîte à chaussures dans laquelle on a entreposé nos souvenirs. Des mots, des maux, des sourires, des larmes, des chansons dont j'ai oublié les paroles, des garçons dont j'ai oublié le visage, des amies dont la route s'est séparée de la mienne, d'autres qui la croisent encore parfois. C'est bizarre de lire sa vie comme on lirait un livre, ça a un coté voyeur, comme si on entrait en soi pour y ouvrir des tiroirs qu'on croyait fermés à double tour, des portes qu'on avait oubliées, des fenêtres ouvertes sur un paysage perdu.
Alors on change les couleurs, on enlève le rose qu'aujourd'hui on déteste, on redécore comme on le ferait de sa vieille chambre d'enfant, on décroche les posters du mur, on jette les livres qu'on ne lira plus, les cds démodés. Et petit à petit, on remplit à nouveau, d'autres livres, d'autres mélodies, d'autres souvenirs qui viendront recouvrir les anciens. Petit à petit, si l'on s'en donne la peine, on remplit d'autres mots.
Retour à la source
Comme un retour à la source.
J'ai l'impression, parfois, que c'est ici que tout à commencé, il y a de ça des années.
De 2004 à 2008, l'écriture se gravait dans mon quotidien, les mots s'alignaient, ici et ailleurs. Puis est venue la vie.
Il est des jours où je me dis qu'écrire est équilibre. Equilibre. Ecrire libre. Ces jours là je regrette cette fin brutale des miens, ces jours là je regrette le partage au quotidien, les mots qui allaient bien au-delà du simple article, de la simple narration d'une vie, qui s'ancraient dans la vie et devenaient pont entre des vies qui sans eux ne se seraient jamais croisées.
En retrouvant ce mot de passe, en replongeant dans l'abîme de mes mots de l'époque, j'ai replongé en moi. Et j'ai tout effacé. L'envie est toujours là. Et tout recommencer.
J'ai en moi cette certitude qu'en l'écriture se cache le sens des mots, celui de la vie peut-être, de la mienne certainement. Les mots sont des amis que l'on ne peut nier, et quand les doigts glissent sur le clavier plus vite que les pensées, ils deviennent le reflet de ce qu'on ne dit pas. Une thérapie, une présence silencieuse.
Je suis ce que j'écris, ce que je lis, ce que je regarde. Je suis les photos que je prends et les mots qui se gravent dans ma tête, je suis les gens que je rencontre et ceux à qui je parle sans parfois les avoir jamais vus. Je suis un tout, et dans ce tout se cachent mes mots qu'aujourd'hui, à nouveau, j'ai envie de partager.